Le bien-être des enseignants, on en parle ? Partie 2.
Le bien-être des enseignants, on en parle ? Partie 2. https://www.lechoixdelecole.org/wp-content/uploads/2022/11/bien-être-enseignants-attractivité-pérennité.png 1024 684 Le Choix de l'école Le Choix de l'école https://www.lechoixdelecole.org/wp-content/uploads/2022/11/bien-être-enseignants-attractivité-pérennité.pngLe bien-être des enseignants, un levier d’attractivité et de pérennité dans le métier
Il ne se passe plus une semaine sans une étude, un article, un témoignage sur le bien-être au travail. Ce sujet interroge plus largement le rapport au travail, les conditions de travail et la quête de sens associée. Selon le dernier baromètre Alan-Harris Interactive sur le bien- être mental, la crise sanitaire a révélé que 2 salariés sur 3 s’interrogent davantage sur le sens de leur activité professionnelle. Cette même enquête révèle que les éléments donnant du sens au travail sont relativement consensuels : ils concernent l’équilibre de vie, la rémunération, les perspectives de carrière, et les conditions d’exercice du métier (degré de confiance et d’autonomie).
Le métier d’enseignant, en dépit de son utilité sociale avérée, n’échappe pas à ces questionnements et le bien-être des enseignants contribue à l’attractivité du métier. Helena Rivoire-Galkiewicz, chargée de l’accompagnement des enseignants au Choix de l’école, nous explique pourquoi.
Helena, en quoi le bien-être des enseignants est un enjeu essentiel pour l’avenir de l’école ?
Les enseignants sont la pierre angulaire du système éducatif. Enseigner est un métier exigeant, un métier de relation, au contact de l’humain, qui mobilise beaucoup d’énergie. Pendant son cours, l’enseignant doit faire preuve d’une grande qualité de présence et d’écoute active, être capable de mobiliser l’attention et l’envie d’apprendre de ses élèves. C’est à la fois un métier de création de lien et un métier assez solitaire. L’enseignant crée un lien de confiance avec ses élèves mais il est seul face à sa classe, avec souvent trop peu d’occasions d’interactions avec ses pairs, avec sa hiérarchie, avec d’autres métiers.
La question du bien-être des enseignants adresse donc plusieurs enjeux : leur engagement et un haut niveau de motivation dans la durée, le bien-être des élèves et leur réussite scolaire.
Qu’est-ce qui contribue à leur bien-être ?
De manière très classique, je dirais que c’est d’avoir les moyens matériels et humains de bien faire son travail. Cela veut dire se sentir reposé, prêt et compétent, écouté et soutenu, de pouvoir avoir un retour sur sa pratique, d’avoir un équilibre vie professionnelle-vie privée satisfaisant.
Un enseignant qui débute a une énorme charge de travail entre l’animation, la préparation des cours, la correction des copies, les différents niveaux de classe à gérer, les situations personnelles de ses élèves qui peuvent être difficiles. C’est un métier très intense dans lequel la prise de recul et la juste place sont souvent difficiles à trouver. Quand on est très investi dans son travail, il est plus difficile de poser des limites. L’envie d’aider est omniprésente chez les enseignants que j’accompagne.
Le plus difficile pour les néo-enseignants c’est de trouver le juste équilibre pour faire au mieux leur travail : se garder des temps de pause le week-end, poser la bonne distance par rapport aux élèves, avoir un retour régulier sur sa pratique, savoir lâcher-prise.
Quelles sont les attentes exprimées par les nouveaux enseignants en matière de bien-être ?
Les deux premières années d’enseignement, c’est beaucoup de fatigue physique, psychologique, émotionnelle. L’enseignant doit à la fois créer et préparer ses séquences de cours, gérer son intégration dans l’établissement, porter ses 18 heures de cours en étant pleinement présent, créer la relation avec ses élèves…C’est beaucoup d’un coup. Il y a des peurs qui s’expriment (ne pas être à la hauteur, sur le contenu des cours, sur la pédagogie, sur la gestion de classe, sur la relation, sur la gestion de conflit) associées à une recherche de perfection, une envie de bien faire. Les attentes exprimées par nos enseignants tiennent autant au contenu disciplinaire, qu’à leur posture, la gestion de leur fatigue, de la classe, la possibilité d’exprimer leurs difficultés.
Qu’est-ce que Le Choix de l’école met en place pour le bien-être des enseignants ?
Notre rôle est de faciliter l’entrée dans le métier des enseignants que nous accompagnons, afin qu’ils se sentent plus légitimes et ressentent moins de pression. Notre accompagnement est à la fois collectif et individuel.
Nous pensons que le collectif est le socle du bien-être des enseignants. Il est synonyme d’entraide et de solidarité, de partage de bonnes pratiques et d’expériences, de partage de questionnements et de doutes, de partage de ressentis et d’émotions, de rires et de joie. Nous veillons à créer un espace où la parole est libérée et peut-être accueillie en toute bienveillance. La découverte du métier en même temps crée des liens très forts entre les enseignants. Les premiers pas dans un métier sont toujours des moments d’émerveillement mais aussi de doutes et de questionnements. Dans le monde du travail, il reste difficile de dire ses difficultés, par peur du jugement. Avoir la possibilité de les partager (être écouté) avec ses pairs c’est très libérateur. D’autant plus que nous sommes parfois de mauvais juges de nous-mêmes, et que ces partages permettent de mettre en valeur ce qui fonctionne bien et ce qu’on pourrait faire différemment. C’est très rassurant.
L’accompagnement individuel permet d’aller plus en profondeur, de s’assurer que chacun va bien. Je prends des nouvelles de chaque enseignant en moyenne une fois par semaine ou par quinzaine et nous discutons de son moral, de sa posture, de sa gestion de classe, de la préparation de ses cours, de son équilibre vie pro/vie perso, de son intégration dans l’établissement. Ces moments d’échanges sont précieux et permettent de détecter très rapidement les éventuelles sources de mal-être et d’y apporter des réponses adaptées (mise en lien avec un référent, un psychologue, un coach, etc).
Notre rôle pourrait donc se résumer en trois mots : écouter, rassurer, orienter.
Le bien-être des enseignants est donc un fil conducteur tout au long du programme du Choix de l’école ?
Tout à fait, c’est notre ADN et, de mon point de vue, une de nos forces. A l’issue de chaque journée de sélection dans le programme (nous avons 6 sessions de sélection de novembre à mai pour la rentrée de septembre), les personnes admises sont accueillies toutes ensemble lors d’une réunion de bienvenue et intégrées dans un groupe Telegram qui est notre principal canal de communication. Nous travaillons très tôt le sentiment d’appartenance. Des conférences mensuelles, des déjeuners participatifs, des moments informels sont organisés jusqu’à la journée d’intégration de toute la promotion qui a lieu en juin. Ainsi, au commencement de notre campus d’été, en juillet, chacun s’est déjà rencontré. Ce campus d’été est évidemment un moment charnière en matière de cohésion et de création d’esprit de cohorte. Nous mettons en œuvre des rituels, des groupes de réflexion sur des thématiques liées à l’éducation, des jeux pour apprendre à mieux se connaître. Et puis dès la rentrée, nous mettons en place le suivi individuel des enseignants en parallèle des ateliers de formation et permanences disciplinaires organisés tous les mercredis.
Ce maillage au plus près des préoccupations des enseignants inscrit leur démarche dans la pérennité puisque 55% décident de passer les concours de recrutement de l’Éducation nationale à l’issue du programme. En d’autres termes, la culture de la bienveillance envers soi et envers les élèves est un terreau propice à l’éclosion de vocations durables.
L’INRS définit le bien-être au travail comme un sentiment général de satisfaction et d’épanouissement dans et par le travail qui met l’accent sur la perception personnelle et collective des situations et des contraintes de la sphère professionnelle.
Ceci impose en particulier de développer une posture d’écoute des salariés sur les facteurs organisationnels reconnus comme ayant un impact en matière de risques psycho-sociaux : la définition des tâches, le sens du travail, la répartition de la charge de travail, les relations entre les collègues et avec la hiérarchie…
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