Les spécificités de l’enseignement en réseau d’éducation prioritaire pour faire progresser ses élèves.
Des ZEP aux REP : les grandes dates de l’éducation prioritaire
1981 : Création des ZEP en par Alain Savary
Pour bien comprendre ce que sont les REP, il faut revenir en 1981 avec la création des ZEP (zones d’éducation prioritaire) par Alain Savary, alors Ministre de l’Éducation Nationale.
La circulaire du 9 juillet 1981 en précise l’objectif : “corriger l’inégalité sociale par le renforcement sélectif de l’action éducative dans les zones et dans les milieux sociaux où le taux d’échec scolaire est le plus élevé.”.
1997 : Création des REP
C’est en 1997, lors de la refonte de la carte des ZEP, que sont créés les REP (réseaux d’éducation prioritaire). Ces réseaux associent, à des établissements déjà en ZEP, des écoles et collèges qui nécessitent une aide particulière en raison des difficultés qu’ils rencontrent. Cette nouvelle circulaire entend “faire des REP des lieux d’initiatives et d’innovations pédagogiques au service de la réussite des élèves qui en ont le plus besoin.”
2014 : Distinction entre REP et REP+
En 2014, la refondation de l’éducation prioritaire apporte une distinction entre deux niveaux d’intervention : les REP et les REP+ pour les quartiers les plus en difficulté. Cette année-là, 350 établissements sont labellisés REP+.
Les REP et REP+ à présent
Aujourd’hui, la politique d’éducation prioritaire est basée sur un indice social, formé à partir des indicateurs suivants : la part d’élèves dont les parents font partie des catégories socioprofessionnelles défavorisées, la part d’élèves boursiers, la part d’élèves résidant en zone urbaine sensible ainsi que la part d’élèves arrivant en sixième avec au moins un an de retard.
*Quelques chiffres sur le niveau en REP
Les résultats des évaluations de début de sixième en 2023 publiés par la DEPP soulignent l’écart de niveau entre les élèves scolarisés en éducation prioritaire et les autres. Alors que les élèves scolarisés dans le public hors éducation prioritaire ne sont que 26,1% et 30,7% à être dans les groupes de bas niveau en français et en mathématiques respectivement, ils sont 52,7% et 61,1% pour les élèves scolarisés en REP+, c’est-à-dire le double. (évaluations de début de sixième de 2023, premiers résultats, document de travail – série études n°2023-07, novembre 2023, DEPP.)
Un rapport de la Cour des comptes publié en 2018 notait que “seuls 36 % des élèves entrant en 6e de REP+ maîtrisent à la fois la langue française et les principaux éléments scientifiques en début de 6e, contre près d’un élève entrant en 6e sur deux en REP et deux tiers des élèves entrant en 6e hors éducation prioritaire.”
Le niveau des collégiens en REP est souvent plus hétérogène que dans les autres établissements, et globalement plus faible*. En effet, les évaluations annuelles menées par l’Education nationale révèlent que les élèves de REP entrent en primaire avec plus de difficultés que les autres, et que ce retard n’est pas résorbé au collège. C’est pourquoi il est primordial de comprendre où en est l’élève pour proposer un cours qui va lui permettre de progresser et de combler ses lacunes. Pour répondre à ces problématiques, il est impératif de savoir différencier ses cours, c’est-à-dire de les adapter aux différents niveaux existants dans une même classe.
Par ailleurs, beaucoup d’élèves évoluent dans des conditions qui compliquent le travail individuel et peuvent faire obstacle aux apprentissages. Il est donc également nécessaire d’en tenir compte.
Les enseignants bénéficient d’une grande liberté pédagogique et en éducation prioritaire ils sont tous les jours amenés à innover, adapter leurs cours, pour capter l’attention des élèves et les mettre dans des postures d’apprentissage. Si c’est le cas pour tous les enseignants, ça l’est encore plus pour ceux en éducation prioritaire, notamment à cause de l’hétérogénéité des niveaux : il faut être capable de proposer des activités qui entraînent tous les élèves, quitte à sortir des sentiers battus – il faut se remettre en question constamment ! De ce fait, l’enseignement en REP est particulièrement stimulant. Aborder la symétrie en mathématiques à l’aide de chorégraphies, travailler les fractions en cuisinant, réviser une notion d’anglais à l’aide d’un escape game, réviser les figures de style en jouant à Time’s Up… Voici quelques exemples parmi tant d’autres.
En matière de pédagogie, ce sont souvent des élèves difficiles ou en difficultés que viennent les solutions qui vont ensuite être appliquées à tous.
Philippe Meirieu, chercheur en sciences de l’éducation
En classe, la différenciation et l’innovation sont possibles si et seulement si l’enseignant a auparavant fixé un cadre et des règles de classe claires et cohérentes avec les élèves. Tout l’enjeu de l’enseignement en REP est dans l’instauration d’une relation de confiance et de bienveillance avec les élèves.
La relation affective est donc primordiale, mais ne doit pas primer sur notre mission qui est de guider les élèves vers les apprentissages et leur donner le goût d’apprendre.
Certes, le turnover des enseignants en REP est important, c’est une réalité, mais vous rejoignez très souvent une équipe jeune, énergique, et engagée. L’intégration s’y fait facilement.
Et puis il y a une vraie valorisation du collectif enseignant. En REP+, 1h30 par semaine est consacrée à un temps d’échanges entre enseignants. Ces temps de concertation pédagogiques sont de belles occasions de créer des projets communs et trans-disciplinaires pour les élèves.
Les collèges REP regorgent d’enseignants passionnés et il y a un vrai climat d’entraide et de solidarité. C’est très rassurant lorsqu’on débute dans l’enseignement.