Entretien avec Iannis Roder sur la laïcité à l'école.

Iannis Roder est membre du conseil des sages de la laïcité, responsable des formations au Mémorial de la Shoah et professeur d’Histoire-Géographie en collège REP. Il est intervenu le 17 novembre auprès des enseignants accompagnés par Le Choix de l’école lors d’une conférence sur la laïcité. Dans cet entretien vidéo, Iannis roder revient sur 3 points importants à propos de la laïcité à l’école.

Cette laïcité, elle s’appuie sur trois piliers fondamentaux : la liberté de conscience, c’est-à-dire la liberté de croire, de ne pas croire, mais aussi de changer de religion ; la liberté du culte, puisque l’État, la République en l’occurrence, ne salarie, ne subventionne aucun culte, mais la liberté de pratiquer est inscrite dans la loi ; et puis le troisième point c’est la neutralité de l’État, ça veut dire d’abord la neutralité des espaces appartenant à l’État, et puis la neutralité de ses agents.

Chaque fonctionnaire, et notamment les enseignants, mais pas que les enseignants, tous les fonctionnaires, doivent être neutres vis-à-vis des usagers et dans leur pratique de fonctionnaire. En terme spirituel, ils ne doivent pas faire état de leur pratique religieuse, et si on va plus loin, ils ne peuvent pas faire état de leur non-pratique religieuse.

Cette neutralité fait partie de cette colonne vertébrale de la laïcité, neutralité notamment vis-à-vis des usagers que sont les élèves. Chaque élève doit être traité de la même manière par un fonctionnaire, par un enseignant. Or, les élèves pour l’enseignant qui est neutre, n’ont pas non plus de religion. Ce ne sont que des élèves, ils n’ont pas de pratique, tout cela se passe dans l’espace privé, mais dans l’espace commun qu’est l’école, cette neutralité est intrinsèque à l’école.

L’école a été laïque avant l’État puisque la loi de séparation des églises et de l’État c’est en 1905, et l’école est laïque depuis les lois Ferry de 1882. Donc la République va mettre en place ces instituteurs laïques, et cette laïcité s’inscrit dans cette idée que tout élève doit pouvoir se dégager des déterminismes qui sont les siens. Nous avons tous des déterminismes, qu’ils soient culturels, sociaux évidemment, religieux.

Donc le temps de l’école, les quelques heures, demandent à ce que chaque élève mette sa sensibilité, son intime en quelque sorte, de côté, de manière à ce qu’il se mette en situation de recevoir tous les enseignements rationnels qui vont être enseignés à l’école. Il s’agit vraiment de participer à la construction d’un citoyen autonome, capable de penser par lui-même, capable  de se construire par lui-même, en développant son libre-arbitre.

C’est vraiment cette idée très importante de l’école française, école émancipatrice, qui fait sortir chaque élève de son milieu juste le temps de l’école, et l’élève revient évidemment dans son milieu dès qu’il a fini l’école. Donc il ne s’agit pas, encore une fois, de faire que l’école soit un lieu d’adhésion. Il ne s’agit pas de faire adhérer les élèves, il s’agit de leur proposer, de leur mettre à disposition cette possibilité de s’émanciper, cette possibilité de s’ouvrir au monde, c’est-à-dire de s’ouvrir à un autre monde que celui qu’ils ont chez eux. Je crois que c’est vraiment là la mission de l’école publique.

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