
“À la rentrée, le premier objectif pour les profs sera d’apaiser les tensions.”
“À la rentrée, le premier objectif pour les profs sera d’apaiser les tensions.” https://www.lechoixdelecole.org/wp-content/uploads/2020/11/temps-de-paroles-pour-les-enseignants-suite-à-lassassinat-de-Samuel-Paty-1024x684.png 1024 684 Le Choix de l'école Le Choix de l'école https://www.lechoixdelecole.org/wp-content/uploads/2020/11/temps-de-paroles-pour-les-enseignants-suite-à-lassassinat-de-Samuel-Paty-1024x684.png“À la rentrée, le premier objectif pour les profs sera d’apaiser les tensions.”
Guillaume Tuil est psychologue clinicien spécialisé dans la gestion du stress post-traumatique.
Pendant les vacances, il a animé des temps de paroles pour les jeunes enseignants accompagnés par Le Choix de l’école. L’objectif : les aider à préparer leur rentrée et à accueillir la parole des collégiens, deux semaines après l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty. Guillaume Tuil nous présente sa démarche pour accompagner les enseignants avant, pendant et après la rentrée.
Quel était l’objectif de ces temps de paroles pour les enseignants ?
Il était important de leur permettre d’exprimer leurs inquiétudes et leurs angoisses pour prévenir un éventuel stress post-traumatique.
La participation des enseignants à ces temps de paroles en petits groupes s’est faite sur la base du volontariat, pour favoriser une parole libre, sans avoir la crainte d’être jugé. C’était donc une démarche personnelle pour ceux qui désiraient partager, obtenir des conseils et échanger sur les attitudes et comportements à avoir à la rentrée.
Il faut souligner l’importance du collectif dans cette démarche car il permet de partager entre professionnels. Chacun possède ses propres ressources pour gérer des situations de stress, donc cela permet d’apprendre des uns et des autres, de réaliser que nous ne sommes pas les seuls à être préoccupés et que ces inquiétudes sont normales, dans le contexte actuel.
Quelles sont leurs principales inquiétudes par rapport à cette rentrée ?
Il y a des inquiétudes à la fois sur le plan personnel, pour les enseignants qui ont été très touchés émotionnellement, et au niveau professionnel, dans un contexte de rentrée où certains craignent de ne pas savoir comment réagir avec les élèves. Il y a aussi des inquiétudes liées au manque de directives de l’Education Nationale qui insécurisent les enseignants.
Est-on obligé de prendre la parole à ce sujet à la rentrée ?
J’aimerais organiser un temps de parole, mais j’ai peur que ça déborde dans la classe.
Je ne sais pas comment aborder un sujet si controversé avec mes élèves.
Dès lundi matin, les échanges risquent de s’imposer à eux, donc il semble préférable de se préparer à accueillir la parole des enfants.
Une première recommandation est de se décentrer du débat des adultes pour laisser place à l’expression des émotions des élèves, les inciter à échanger dans le respect du ressenti de chacun, et non la confrontation.
À la rentrée l’objectif pour les enseignants est en priorité d’apaiser toute tension éventuelle. C’est une condition essentielle pour permettre des échanges apaisés et proposer, en différé, un débat sur la liberté d’expression et l’esprit critique sans être mis à mal dans la classe, tant le sujet est encore chaud aujourd’hui.
Lundi, les enseignants peuvent aussi très bien proposer aux élèves de partager leur ressenti et poser leurs questions à l’écrit. Ils pourront ainsi, mieux se préparer, et organiser dans un second temps, un échange avec les élèves.
Dans quel état d’esprit faut-il s’attendre à retrouver les élèves ?
Il va y avoir différents types de réactions. Mais avant toute chose, il faut garder en tête que ce sont des enfants et des adolescents en construction. S’opposer à l’autorité est normal à leur âge. Ils ont également des choses à dire sur le traitement médiatique de l’événement. Notre travail d’enseignant est d’accompagner les élèves à développer leur propre réflexion, leur esprit critique.
Certains feront sans doute de la provocation, d’autres seront en empathie avec la famille de l’enseignant et la communauté enseignante, d’autres encore partageront sans hésiter les opinions de leurs parents.
Face à ces réactions possibles, ma recommandation est de recentrer la discussion autour du cadre de la loi. La loi s’impose à nous tous et elle nous interdit de tuer son prochain. Cela permet d’éviter tout amalgame sur le sujet de la religion.
On ne peut pas demander aux enseignants d’aborder dès lundi toutes les questions et les sujets houleux liés à cet événement. C’est comme si on leur demandait de faire le programme de l’année en deux heures, en abordant des sujets tels que la laïcité, la liberté d’expression, le traitement médiatique, etc. Tout cela prend énormément de temps pour intégrer ces notions.
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